Sarah Lenoir et Laetitia Tintinaglia – Knock Knock Prod

3 juillet 2019

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Sarah et Laetitia ont lancé Knock Knock Prod, agence de communication visuelle engagée, à la fin de leurs études avec l’envie de créer un job qui leur ressemble et offrir plus de visibilité aux asbl, entreprises sociales, entrepreneurs qui ont des projets qui répondent aux défis socioculturels, environnementaux et économiquese de notre société. Bien qu’elles aient dû faire face à quelques critiques au début du projet, elles se sont accrochées en ne perdant jamais leur objectif de vue. Aujourd’hui leur entreprise ne cesse de croître et elles s’épanouissent pleinement dans ce qu’elles font. Elles dénoncent cependant un manque d’information concernant les aides qui existent pour les entrepreneurs.

Avez-vous longtemps hésité à sauter le pas de l’entrepreneuriat ?

Sarah : À vrai dire, je n’ai pas hésité. Je ne trouvais rien sur le marché de l’emploi qui me correspondait et j’ai donc décidé de créer ma propre activité. Je me suis lancée en me disant que si cela ne fonctionnait pas, j’aurais au moins le mérite d’avoir essayé. Bien sûr, il y a eu des moments de doute, des gens qui ne croyaient pas en notre projet, mais on s’est toujours accrochée et le travail a payé. Très rapidement nous avons trouvé notre bureau et nos premiers clients ne se sont pas fait attendre.

Laetitia : Les doutes et les remises en question on y fait face tous les jours. Aujourd’hui, les doutes concernent essentiellement l’aspect financier et la santé financière de notre entreprise, mais nous arrivons à relativiser beaucoup plus facilement qu’auparavant. Les doutes dans l’entrepreneuriat sont aussi très constructifs. Ils permettent d’analyser les choses et situation d’un nouveau point de vue et de constamment évoluer.

Qu’est-ce qui est le plus difficile pour vous, en tant que femme entrepreneure ?

Sarah et Laetitia : Au début, nous étions souvent confrontées à des remarques sexistes et déplacées, du type : « Elles ont réussi parce qu’elles sont jolies ». Certaines personnes ne prenaient même pas la peine de nous présenter par notre nom mais comme « deux jolies filles ». C’était assez frustrant et réducteur. Nous n’avions pas l’impression que notre travail était pris en considération. Nous avons commencé jeunes et avons donc également dû faire face à des critiques concernant notre âge, notre expérience. En tant que femme, on nous pose également souvent la question de savoir si nous avons des enfants ou si nous désirons des enfants. Des questions qu’on ne pose pas à un homme.

Anticipez-vous déjà votre pension ? Est-ce une question à laquelle vous réfléchissez beaucoup ?

Sarah : C’est une question que je me pose mais qui n’est, pour le moment, pas ma priorité. Je m’inquiète plutôt de savoir combien il y aura chaque mois sur mon compte et d’avoir un salaire correct. Mais c’est une question que nous nous posons, car en tant qu’indépendant, nous pouvons préparer notre pension.

Laetitia : C’est une angoisse que nous avons toutes les deux, mais, personnellement, je ne peux pas encore me permettre d’épargner pour ma pension. Pour le moment je pense surtout à épargner pour les mois qui seront financièrement plus difficiles. C’est une question que nous gardons à l’esprit, mais nous ne pouvons pas encore nous permettre d’épargner chaque mois pour notre pension.

Quels sont les aspects de l’entrepreneuriat qui vous plaisent le plus ?

Sarah : L’aspect que j’aime véritablement dans l’entrepreneuriat c’est le fait qu’une semaine ne ressemble jamais à une autre. On rencontre de nombreuses personnes toutes différentes et très inspirantes, qui essayent, à leur façon, de changer le monde. C’est une grande source d’énergie

Laetitia : Le côté autodidactique et très spontané de l’entrepreneuriat me plaît beaucoup. Chaque jour on se forme à notre façon. Chaque jour on apprend de nouvelles choses et quand on voit le chemin parcouru on se dit que c’est extraordinaire.

Selon vous, qu’est-ce qui pourrait être amélioré sur le plan du statut social ?

Sarah : Je pense que nous pourrions être plus informées sur les aides qui existent. Aussi, lorsque nous tombons malade, il n’y a pas d’argent qui rentre. Il faut prendre des assurances complémentaires, alors que les salariés ne doivent pas penser à ce genre de choses. Nous avons tous les désavantages des salariés mais nous n’en avons pas les avantages. Par exemple, lorsqu’on part en vacances, quand on tombe malade, lorsqu’on sera enceinte, combien cela va-t-il nous coûter ? Si nous ne sommes pas aptes à travailler pendant trois mois, nous ne gagnerons rien au cours de cette période. La première année d’activité est également très difficile pour les indépendants car nous sommes fortement taxés. Je pense que nous devrions pouvoir payer moins de taxes au cours de cette première année, pour justement favoriser le développement de notre entreprise.

Laetitia : Nous avons commencé Knock Knock Prod alors que nous avions 25 ans et nous n’avions donc pas droit au chômage. Nous n’avions pas vraiment de statuts et nous ne savions pas vers qui nous tourner pour obtenir des aides. Nous avons quand même essayé de participer à des réunions pour obtenir plus d’informations. Mais aujourd’hui il y a encore beaucoup de questions qui demeurent sans réponse et nous ne savons pas très bien vers qui nous tourner. Il y a un réel manque d’information et c’est un aspect assez décourageant de l’entrepreneuriat

Si vous aviez un conseil à adresser aux femmes qui se lancent dans l’entrepreneuriat, quel serait-il ?

Sarah : Avoir du culot, oser aller frapper à différentes portes. Avoir confiance en son projet, même si on a l’impression qu’il a déjà été fait de nombreuses fois. Se donner la possibilité d’oser et de commencer petit à petit en se fixant de petits objectifs. Il faut également apprendre à lâcher prise car on ne sait jamais ce qui va se passer d’ici trois mois. Il est important de vivre les choses au jour le jour et je pense que c’est une belle leçon de vie, car cela nous permet de vivre chaque projet à fond.

Laetitia : S’écouter, se faire confiance, ne pas toujours trop réfléchir et arrêter de vouloir tout anticiper. Essayer de se laisser porter par nos envies, nos instincts, nos émotions, nos projets et écouter les personnes positives autour de soi.

Vous désirez en savoir plus sur l’entrepreneuriat féminin en Belgique ? Découvrez ici le dossier de presse contenant les résultats issus d’une enquête à grande échelle effectuée à la demande de NN. Cette enquête se penchait sur les motivations et les difficultés rencontrées par les femmes entrepreneures tout au long de leur parcours.