« Ne pas avoir de travail renforce la solitude car vous vous retrouvez seule face à vous-même »

24 août 2022

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Les personnes qui ne font pas partie du marché du travail sont celles qui connaissent les plus hauts scores de solitude. C’est ce qui ressort de la nouvelle Enquête Nationale du Bonheur menée par l’UGent et NN en janvier et février dernier, réalisée auprès de 1602 Belges. 49% des chômeurs et 56% des personnes en incapacité de travail se disent très seuls. Ceci alors que la moyenne belge est de 32%. Ce constat est alarmant, car la solitude est l’un des principaux éléments contribuant à notre sentiment général de bonheur. Mais alors, quel rôle le travail joue-t-il dans la lutte contre la solitude ? Wendy, ancienne employée dans le marketing digital et actuellement au chômage, partage sa vision sur le sujet.

Vous vous trouvez actuellement au chômage, avez-vous choisi ce statut vous-même ?

Je me suis retrouvée au chômage à la suite d’un burn-out et d’un licenciement. Cependant, je souhaite aujourd’hui me lancer dans l’entrepreneuriat et devenir coach de vie. Cette période me permet donc d’avoir le temps de concrétiser mon projet. Ce chômage n’est donc pas quelque chose que j’ai choisi, mais cela m’a permis d’ouvrir les yeux et de découvrir la direction que je souhaitais prendre dans la vie.

Les personnes en âge de travailler qui sont dans l’incapacité de travailler en raison de circonstances particulières connaissent les plus hauts scores de solitude. Vous reconnaissez-vous dans ce groupe ?

Je me retrouve fortement parmi ce groupe de personnes. Ne pas avoir de travail renforce la solitude car vous vous retrouvez seule, face à vous-même. Retrouver des personnes sur votre lieu de travail, faire partie d’un groupe, partager des moments avec vos collègues, … cela participe vraiment à contrer la solitude.

Mais je pense aussi que la solitude peut se trouver sur le lieu de travail. Lorsqu’il se passe quelque chose de compliqué, vos collègues peuvent essayer de comprendre la situation mais, en général, vous vous retrouvez seule, face à vous-même. J’en ai fait l’expérience lors de mon burn-out. Les gens peuvent éprouver des difficultés à comprendre votre situation, l’épuisement professionnel étant une maladie mentale.

Finalement, l’entrepreneuriat peut également augmenter le sentiment de solitude car vous vous trouvez dans un cadre différent de la majorité des personnes. Dans mon cas, personne dans mon entourage ne s’est déjà lancé dans l’entrepreneuriat. Cela peut donc aussi être vecteur de solitude.

Les membres de votre famille vous ont-ils aidé à surmonter cette solitude ?

Heureusement, durant la période difficile que j’ai traversée, je vivais avec mon copain. Il m’a été d’une grande aide. J’avais également une amie qui avait aussi vécu un burn-out et qui m’a énormément aidé en étant un vrai soutien émotionnel. Toutefois, même entourée, vous vous sentez seule. Il est difficile pour les gens de comprendre ce que vous ressentez car il est parfois difficile pour vous-même de mettre des mots sur ce que vous ressentez. 

Quels conseils donneriez-vous aux autres personnes se trouvant dans la même situation que vous pour combattre ce sentiment de solitude ?

On m’avait conseillé d’aller voir un groupe de parole sur le sujet du burn-out. Je ne l’ai pas fait car je n’avais pas la force nécessaire. Cependant, je pense que cela aurait été un bon élément pour m’aider et pour contrer cette solitude. Continuer à se former peut aussi s’avérer bénéfique. C’est peut-être le seul moment où vous disposez du temps pour vous former à des sujets que vous appréciez. Le fait que j’ai suivi des formations m’a rassuré car cela m’a permis de rester à la page et de continuer à m’améliorer. 

Qu’est-ce qui aurait pu vous aider ?

Selon moi, proposer la possibilité de se former à des sujets qui nous intéressent parmi un panel de différents choix pourrait s’avérer bénéfique pour les personnes étant en situation de chômage. Lorsque vous êtes au chômage, on vous oblige souvent à suivre des formations qui ne sont pas liées à vos centres d’intérêts, ce qui est dommage. J’aurais aimé qu’on me propose des formations gratuites dans des domaines de mon choix.

Je pense qu’il serait également intéressant de proposer des conférences afin de réunir les personnes au chômage, afin qu’ils partagent un moment ensemble et se sentent soutenus. Lors de ces réunions, il serait aussi important de leur offrir des solutions concrètes pour pallier la solitude qu’ils peuvent éprouver.

Si vous souhaitez en savoir plus sur l’enquête menée par NN et l’UGent sur la solitude et l’impact du lieu de travail sur celle-ci, consultez ce lien.