Le professeur Annemans nous parle du lien entre bonheur et travail
5 décembre 2018
« Le travail représente une part de 18 % dans notre bonheur »
Le mois dernier, nous avons appris, via l’Enquête nationale du Bonheur de l’Université de Gand et NN, que notre revenu avait une forte influence sur notre bonheur. La satisfaction de vie en général augmente avec les revenus, mais recommence à baisser quand on atteint les plus hauts revenus. Aujourd’hui, de nouveaux résultats de l’Enquête nationale du Bonheur indiquent que la satisfaction par rapport à notre travail – indépendamment des revenus – a également un impact très important sur notre niveau de bonheur. Le Professeur Lieven Annemans, explique ces nouveaux résultats.
Professeur Annemans, quelle est l’influence de notre travail sur notre bonheur ?
Nous savions déjà depuis longtemps qu’être satisfait de son travail avait une influence importante sur notre bonheur général. Mais à présent, nous sommes en mesure de donner un chiffre précis : en moyenne, notre job représente près d’un cinquième (18 %) de notre niveau de bonheur. On remarque des différences nettes entre indépendants, employés, ouvriers et fonctionnaires. Ainsi, cette part est trois fois plus importante chez les indépendants que chez les fonctionnaires. La satisfaction par rapport au travail chez les indépendants explique pas moins de 32 % de la satisfaction de vie générale, alors qu’elle n’est que de 9 % chez les fonctionnaires. Quand on sait qu’environ 30 % à 50 % de notre bonheur s’expliquent par des facteurs génétiques et qu’il reste environ 60 % pour tous les autres facteurs, nous pouvons affirmer qu’une part de 32 % dans notre bonheur, c’est relativement élevé.
Dans quelle mesure le Belge est-il heureux au travail aujourd’hui ?
43 % des travailleurs belges sont très satisfaits de leur travail et attribuent à leur job un score de 8/10 ou plus. Mais un groupe relativement important est très insatisfait. 28 % des Belges actifs attribuent à leur travail un score de 5 sur 10, voire moins.
Quels facteurs contribuent à notre bonheur au travail ?
Ce que l’on appelle les 3 B du bonheur jouent un rôle important ici. Ces 3 B ou trois grands piliers sont les suivants : Besoin d’autonomie : dans quelle mesure on peut prendre soi-même ses décisions. Besoin d’appartenance sociale : tout ce qui touche aux relations sociales et à la solitude. Besoin de compétence : dans quelle mesure on se sent compétent et sûr de soi. Ces trois facteurs ont clairement une influence positive sur notre satisfaction par rapport à notre travail. Ainsi, l’autonomie au travail donne lieu à une augmentation de 0,87 point sur 10 sur l’échelle de la satisfaction au travail. L’appartenance sociale et les compétences ont également un net impact positif. Les Belges qui marquent des points pour ces trois facteurs font grimper de 1,44 point leur satisfaction au travail.
Quel est le rôle du stress sur notre bonheur au travail ?
Être trop souvent ou tout le temps stressé est l’un des facteurs qui peut influencer négativement notre bonheur au travail. Un stress fréquent ou permanent au travail conduit à une de diminution 0,42 point sur 10 sur l’échelle de la satisfaction au travail. Et pas moins de 31 % des travailleurs belges déclarent ressentir souvent à toujours du stress. La solitude au travail a également un impact négatif et peut engendrer une diminution de 1,02 point sur 10. Par ailleurs, un cinquième des Belges (21 %) affirment devoir souvent à toujours porter un masque au travail. Ce facteur joue aussi clairement un rôle dans notre satisfaction au travail.
Que peuvent faire les employeurs pour encourager le bonheur de leurs collaborateurs ?
Je tiens surtout à encourager les employeurs à discuter avec des spécialistes du sujet et à vérifier de quelle façon ils peuvent rehausser le niveau de bonheur de leurs collaborateurs. Les employeurs peuvent jouer un rôle significatif dans les 3 B de notre bonheur, en augmentant l’autonomie, l’appartenance sociale et les compétences des collaborateurs. Des initiatives pour améliorer l’équilibre travail/vie privée et encourager la cohésion entre collaborateurs ont un impact positif sur notre satisfaction par rapport au travail. Et bien évidemment, des collaborateurs heureux sont des collaborateurs plus productifs. Investir dans le bonheur au travail est donc de toute façon rentable.
Vous voulez en savoir plus sur les résultats de l’Enquête nationale du Bonheur ? Lisez ici le dossier de presse sur le lien qui existe entre bonheur et travail.