La crise du coronavirus n’a pas que des effets négatifs, elle crée aussi un véritable élan de solidarité au sein de la population

29 mai 2020

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La crise du coronavirus a complètement bouleversé la vie des Belges. Cette crise sans précédent a mis de nombreux aspects de nos vies et de notre bonheur à rude épreuve. Mais elle s’accompagne également de tendances positives, comme par exemple l’élan de solidarité qui s’est créé entre les Belges. Olivier Rousseaux, 34 ans, est indépendant et entrepreneur dans le marketing digital. Le 13 mars dernier, lorsque les premières mesures de confinement ont été annoncées, il a voulu mettre son expertise au service de la société et a lancé l’initiative Covid- Solidarity, une plate-forme qui met en relation des bénévoles et des personnes isolées afin de proposer un service d’entraide très large, passant notamment par des courses de première nécessité, de l’écoute bienveillante ou encore de l’aide en maisons de repos.

Olivier, comment vous est venue l’idée de lancer l’initiative Covid-Solidarity ?

Je suis indépendant dans le marketing depuis une dizaine d’années et je développe de nombreuses solutions de marketing digital. Le vendredi 13 mars, lorsque les premières mesures de confinement ont été annoncées, j’ai eu envie de mettre mon expertise du digital au service des personnes isolées qui n’allaient plus pouvoir se déplacer. C’est comme cela que l’idée est née. Ce week-end là j’ai lancé un hackathon qui a débouché sur le projet Covid-Solidarity. Au début j’étais tout seul et puis le projet a pris de plus en plus d’ampleur pour regrouper pas moins de 9.000 bénévoles autour d’un objectif commun. Au départ, nous proposions aux personnes isolées de l’aide pour les courses de première nécessité. Mais très vite, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait énormément de personnes, notamment des personnes âgées, qui s’ennuyaient à domicile ou qui étaient très fragiles psychologiquement. Nous avons donc développé un service d’écoute bienveillante, afin de les mettre en relation avec des spécialistes (assistants sociaux, psychologues,…) ou d’autres personnes qui avaient du temps à leur consacrer. Pour moi c’était important de me rattacher à un projet en accord avec mes valeurs.

J’espère que nous pourrons tirer les leçons de cette crise et faire perdurer l’élan de solidarité bien au-delà.

Qu’est-ce qui vous a le plus étonné avec ce projet ?

Pour une personne aidée, on avait 9 à 10 bénévoles. L’offre de solidarité était jusqu’à 10 fois supérieure à la demande. Cet élan de solidarité m’a beaucoup touché. J’ai été surpris positivement par les contributions des gens, que ce soit en temps ou en technologies. Ce projet a aussi permis à de nombreuses personnes de se rencontrer, de travailler ensemble. Nous vivons dans un monde rempli de préjugés. Cette initiative a montré que nous pouvons très bien travailler ensemble, que nous soyons francophones, néerlandophones, étudiants, salariés,… Le fait qu’il n’y ait pas de revenus nous a réuni autour d’une vision et d’objectifs communs. Nous n’avions pas de KPI’s à atteindre, il n’y avait pas de compétition. L’ego était complètement mis de côté. La seule chose qui comptait était d’aider les personnes isolées, de s’assurer qu’elles étaient bien soignées, bien servies. Ce projet nous a permis de nous sentir réellement utiles.

Pensez-vous que la société tirera les leçons de cette crise ?

 Il me semble essentiel de tirer les leçons de cette crise. Je ne peux m’empêcher de me demander pourquoi a-t-il fallu attendre le COVID-19 pour que tout le monde commence à s’intéresser aux autres. Ce qui risque de me choquer encore plus avec le déconfinement, c’est de voir les Belges se détourner de ce mouvement de solidarité. Ils auront été tellement solidaires dans ce contexte anxiogène qu’ils se diront « maintenant un peu de temps pour moi », mais à côté de cela ils passeront quand même 6 heures par jour sur les réseaux sociaux alors qu’en consacrant ne fût-ce que quelques heures par semaine à une ONG, on peut déjà faire la différence.

Il y a de nombreux learnings positifs à tirer, mais comme dans toute situation, c’est lorsqu’on est provoqué qu’on se révèle. Je n’ai pas envie que cette crise ait éveillé un élan de solidarité juste pour une courte période. J’espère que nous pourrons tirer les leçons de cette crise et faire perdurer l’élan de solidarité bien au-delà.

Vous désirez en savoir plus sur l’impact de la crise du coronavirus sur le bonheur des Belges ? Découvrez tous les résultats de l’Enquête nationale UGent-NN du Bonheur ici.