« Cette année, travaillez particulièrement sur votre besoin relationnel » – Olivier Luminet

19 mars 2022

Partager sur

Olivier Luminet

Les nouveaux résultats de l’Enquête nationale du Bonheur de l’UGent-NN apportent de bonnes nouvelles : pour la première fois depuis le début de la crise du coronavirus, le score de bonheur des Belges est en hausse. Mais si l’on regarde de plus près ces résultats, on constate aussi, de manière assez contradictoire, que notre niveau d’énergie baisse et que nous éprouvons moins d’émotions positives qu’avant la crise. Nous sommes donc sur la bonne voie, mais le chemin reste encore long. Olivier Luminet, psychologue de la santé, directeur de recherche auprès du Fond belge pour la Recherche Scientifique (FRS-FNRS) et professeur à l’ULB et l’UCLouvain, nous partage son avis sur ces nouveaux résultats et ses précieux conseils. 

Olivier, notre score de bonheur augmente mais nous constatons cependant que notre niveau d’énergie diminue et que nous éprouvons moins d’émotions positives qu’avant la crise. Quels sont les raisons de ce changement et que pouvons-nous faire face à cela ? 

C’est une question difficile ! Je pense que nous avons puisé dans toutes nos réserves ces deux dernières années… À l’heure actuelle, la situation semble s’améliorer, les activités sociales reprennent petit à petit leur cours, mais comme le mentionne l’enquête, le chemin reste encore long. Nous sommes à un moment de croisement, d’instabilité, les gens ne savent pas encore très bien vers où ils vont. 

Il est cependant essentiel de protéger et de préserver son niveau d’énergie et de cultiver des émotions positives en essayant de travailler un maximum sur ses besoins, et plus particulièrement sur le besoin relationnel qui a été fortement mis à mal ces deux dernières années. Les opportunités se présentent enfin : aller vers les autres, pratiquer des activités et recréer des interactions sociales, c’est primordial. Au travail, n’hésitez pas à favoriser le présentiel et a ainsi recréer un lien physique et social, ne cédez pas toujours à la facilité des visioconférences. Réintégrer du relationnel dans son quotidien est essentiel pour réalimenter son niveau d’énergie et ses pensées positives. Réfléchissez chaque jour à une activité, quelle qu’elle soit, qui pourrait répondre à un (ou plusieurs) besoin(s) essentiel(s) à votre bonheur et mettez-la en pratique. 

Bonne nouvelle : l’été approche, les journées se rallongent progressivement, ce qui joue aussi positivement sur l’humeur de la population. 

Nous avons aussi plus peur qu’avant la crise. Pourquoi et que pouvons-nous faire face à ce constat ? 

Cette peur est pour moi due à une accumulation de facteurs : la crise du coronavirus, les catastrophes naturelles ainsi que les guerres. Un aspect va un peu mieux (coronavirus), mais c’est sans aucun répit que les deux autres viennent à l’avant-plan (rapport du GIEC, guerre en Ukraine).

Ces différentes situations exercent un impact direct sur notre niveau de peur. Notre santé, notre situation financière ou encore professionnelle sont aussi des sujets qui peuvent fortement nous préoccuper. 

Face aux peurs que l’on peut ressentir, il est conseillé d’être actif plutôt que passif. Un simple exemple : évitez de regarder trop régulièrement les informations en vous disant que la situation va mal et qu’il y a des catastrophes partout, soyez dans une approche active, participez à des activités solidaires en récoltant des fonds ou des vivres, en accueillant des personnes chez vous,… En étant actif, on a un meilleur sentiment de contrôle sur la situation, ce qui diminue automatiquement nos émotions négatives, notre anxiété et notre peur. Évitez de tomber dans une peur paralysante qui vous empêche d’entamer quelconques actions. Pour ce faire, informez-vous sur les possibles actions à entreprendre pour venir en aide aux personnes en difficulté, participez à des programmes de gestion de la peur et des émotions, essayez la méditation ou encore la relaxation. Ce sont des outils simples et utiles pour ceux qui sont particulièrement sensibles et impactés par la situation actuelle. 

Finalement, un dernier conseil : consultez les informations de manière régulière mais pas en continu. Il y a toujours ce danger d’exposition permanente aux nouvelles négatives. Il faut apprendre à mieux gérer sa consommation d’informations (ex : une fois le matin et une fois le soir) et éviter de tomber dans le bombardement d’informations. 

Découvrez tous les résultats de l’Enquête nationale du Bonheur de l’UGent-NN ici. 

Copyright: Dieter Telemans.